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Sucette ...et autres tototes

Le 09 mai 2021

En tant qu'orthophoniste, en tant que psychanalyste, ayant à ce jour vu nombre d'enfants, et exercé des compétences accumulées, au fil des ans, je voudrais signaler par ce texte les inconvénients majeurs qu'il y a à donner à un petit enfant, - à un infans : enfant qui ne parle pas encore, mais aborde la période où va débuter son langage,une sucette.

Le plaisir de la succion, certains enfants s'en dégagent, qui d'emblée s'en détachent à la première occasion, et l'abandonnent, ou réservent leur sucette au seul moment de l'endormissement. D'autres enfants, au contraire, vont se fixer à son usage, pour ...recourir à leur suce- suce un temps qui couvre la temporalité, très longue, beaucoup trop longue, de la presque totalité de leur journée.

S'il suce sa sucette, et bien moins que la quasi totalité de la journée, l'enfant qui pénètre dans le bureau d'un professionnel de la parole et du langage, se signale d'emblée.

D'abord parce-que la sucette ôtée de la bouche, la succion n'est pas pour autant terminée, qu' elle se prolonge au point même que cela se voit : l'avancée de la mâchoire inférieure, les mou- vements de la langue - de l'extérieur, étant très nettement visibles, et du seul fait que l'enfant suce, en quelque sorte,"à vide",encore un temps, plus ou moins long, avant de parvenir à mobi- liser ses facultés pour les consacrer à l'échange verbal avec autrui.

Bien visible de l'extérieur, ce phénomène perdure jusqu'à ce que la situation de parole et de lan- gage avec le professionnel ne s'installe et parvienne à procurer à l'enfant plaisir et satisfaction : des satisfactions et plaisirs autrement gratifiants que la succion d'un morceau de caoutchouc, ceux qui lui permettront - justement, de parfaire ses échanges avec l'adulte tutélaire que lui représentent d'abord et au premier chef ses "papa" et "maman" ...

L'orthophoniste, le professionnel de santé de la parole et du langage qui a terminé sa cure, et qui se trouve dans la situation de recevoir un petit enfant de deux ans et demi / trois ans qui suce sa sucette avec ardeur, doit déployer tout son savoir faire pour créer, grâce au langage, aux sons de sa voix, au regard (et à tout ce qui s'appelle désormais "communication infra-verbale") une re- lation duelle de plaisir qui installe du lien. Contexte qu'ensuite l'enfant cherchera à reproduire : avec d'autres adultes, à commencer par ses parents. 

Ce professionnel déploie tout un savoir faire, en effet, pour accrocher l'intérêt du petit enfant et de façon à ce qu'il en vienne à préférer - au plaisir silencieux et solitaire de la sucette, l'échange langagier.

Mais aussi elle saisit, cette orthophoniste, tous les non-dits implicites qui accompagnent cette situation de succion qui lui est amenée étant souvent déjà bien installée. 

Le, les parents, en effet, ignorent encore trop souvent le rôle qu'ils ont dans l'accès à la parole et au langage de leur enfant. Ils ne savent pas encore tous, hélas, loin s'en faut, ... que la parole et le langage s'installent d'autant mieux que, dès la naissance du bébé, ils lui auront parlé ... Que dès sa naissance, ils l'auront habitué à voir de près les traits de leur visage bouger avec l'émis- sion de leur propos, et leurs yeux briller, alors que les inflexions de leur voix se modulent aux soins qu'ils lui procurent, tandis que,-ceci faisant, ils exercent leur bambin à l'ébauche de ses premiers vocalises.

Ils ignorent encore trop souvent, ces mêmes parents, que le petit être auquel il leur incombe désormais d'apporter toute leur attention n'est pas qu'une bouche à nourrir, bref ! que l'émission des premières syllabes de leur bambin n'aura lieu qu'à proportion de ce qu'eux-mêmes, plutôt que de lui caler une sucette dans la bouche, auront su l'initier ...